Jean Paul II propose Karl comme modèle à la jeunesse d'Europe
Carl a 18 ans quand Hitler accède au pouvoir. Alors que l'Allemagne accueille le chef nazi comme un libérateur, Karl rejette instinctivement le Führer et le nazisme. Son journal intime, qu'il tient depuis l'âge de 12 ans, en témoigne. En 1933, il est chef de la jeunesse catholique de la région de Clèves. Un an plus tard, il l'est pour l'ensemble du diocèse de Munster en Westphalie. C'est un merveilleux entraîneur de jeunes. Randonnées à pied et en vélo, camps, exploration de la nature, guitare et chants : les jeunes le suivent dans l'enthousiasme. Au cœur de son action : le Christ. En 1934 alors que les foules vocifèrent "Heil Hitler", il écrit dans son journal "Christ est ma passion, Heil" " Il hésite longtemps entre le mariage et le sacerdoce. Fonder une famille chrétienne, quelle merveille ! L'appel au sacerdoce l'emporte. Il est ordonné diacre en 1939. Huit mois plus tard, il est arrêté et déporté dans le camp de concentration de Dachau. Il y atteint un sommet de sainteté. Le 17 décembre 1944, il est ordonné prêtre, en secret, par Mgr Piguet, évêque de Clermont-Ferrand. Grandiose événement de catacombes ! Préfiguration de la réconciliation des peuples! Il est déjà atteint à mort par la maladie, miné par les conditions de détention. En août 1945, il meurt, à 30 ans, purifié, comme l'or passé au feu...
Karl est béatifié en 1996
Le procès en béatification de Karl est engagé en 1975. Le 15 mars 1980, le Pape Jean Paul II donne son accord pour l'ouverture du procès de béatification.
A Strasbourg, le 8 octobre 1988, Jean-Paul II dialogue avec 42.000 jeunes Européens d'Est et d'Ouest. Au cours de sa seconde intervention, le Pape donne Karl Leisner comme modèle à la jeunesse d'Europe.
Le 23 juin 1996, le Pape Jean-Paul II célèbre la béatification de Karl Leisner et de Bernhard Lichtenberg (1) dans le stade olympique de Berlin. Il utilise à cette occasion la crosse épiscopale que Mgr Piguet avait utilisée en 1944 pour ordonner Karl.
En le proclamant bienheureux, le Pape Jean-Paul II l'a proposé en exemple: « Karl Leisner nous encourage à rester sur ce chemin qui s'appelle le Christ. Nous ne devons jamais nous laisser aller à la fatigue, même si ce chemin nous paraît parfois obscur et s'il demande des sacrifices. Gardons-nous des faux prophètes qui veulent nous indiquer d'autres chemins. Le Christ est le chemin qui mène à la vie. Tous les autres chemins s'avéreront des détours ou des fausses pistes».
Ce n'est pas un modèle anodin que Jean Paul II propose en exemple aux jeunes déboussolés de notre monde contemporain:
- à tous ceux qui se laissent si facilement subjuguer par toutes sortes d'idéologies, il propose Karl, qui, parce qu'il s'est donné la peine de se former, a su suivre la voie de sa conscience même au péril de sa vie
- à tous ceux qui se laissent mener par une sexualité débridée, il propose Karl, qui a su reconnaître la splendeur de la pureté et la grandeur de la vocation au mariage
- à tous ceux qui ont peur de la vocation sacerdotale, il propose Karl, qui a su découvrir comment le prêtre est un autre Christ qui s'offre en sacrifice.
(1): Bienheureux Bernhard Lichtenberg: prévôt de la cathédrale de Berlin, en novembre 1938, il assiste aux terribles anticipations des ‘pogroms’. Le soir même il monte en chaire à la cathédrale Sainte-Edwige et proclame: "Dehors, la synagogue est en train de brûler, celle-là aussi est une maison de Dieu”. A partir de ce jour-là, chaque soir à l’occasion des Vêpres, il prie en public “pour les chrétiens non-aryens persécutés, pour les juifs”. Plus tard il étendra sa prière aux détenus des camps de concentration, etc. Il est arrêté en octobre 1941. Lors de son interrogatoire, il déclare: "Mon seul Führer est le Christ" et il dit les raisons de son opposition: suppression de l’heure de religion dans les écoles, laïcisation du mariage, euthanasie, persécution des juifs, etc. Il est emprisonné, torturé. Deux ans plus tard, le 5 novembre 1943, il meurt au cours de son transfert à Dachau.